L'âme soeur
Elle avait perdu sa foi en l’humanité, en sa sincérité et sa bonté. Pour elle, l’Homme était devenu une créature monstrueuse avec qui elle devait tout faire pour survivre. La fuite de ce monde étant impossible, elle avait appris à ne se fier à personne, même pas à elle-même car elle appartenait aussi à cette race de monstres. La monstruosité de l’être humain est-elle une fatalité ? Est-ce la souffrance qui rend l’Homme ainsi ou a-t-on ce gène ancré en nous ? Sa quête de pureté s’annonçait vaine, et pourtant dans un monde individualiste construit sur la concurrence déloyale, elle voulait encore croire au bonheur.
Pourtant, au fond d’elle-même, elle voulait croire à cette mythologie platonicienne qui veut que l’âme sœur existe, que quelqu’un l’attendait quelque part. Selon Platon, les humains étaient originalement créés avec quatre bras, quatre jambes et une tête à deux faces, jusqu’à ce que, craignant leur pouvoir, Zeus les divise en deux parties distinctes, les condamnant à passer leur vie à la recherche de leur autre moitié.
Elle est à la recherche de cette âme sœur qui pourra la sauver de ce monde hostile dans lequel elle ne trouve pas sa place. Même si elle refoule sa fragilité en se montrant comme un roc invisible, à l’intérieur, elle est une jeune fille en détresse attendant le prince charmant qui pourrait sauver son âme détruite. En se montrant aussi monstrueuse que les autres avec les hommes, elle espérait repousser les ombres du mal qui l’entourait pour qu’enfin son âme sœur révèle l’infime lumière qui demeurait en elle et qui était destinée à un seul être. Celui qu’elle aimera toute sa vie.